vendredi 31 janvier 2014

Le Parc National de Chobe, Botswana. De Kasane à Savuti à Maun

Mardi le 28 janvier

Kasane à Camping Ihaha dans le parc national de Chobe, Botswana.


Il est 20 heures au moment où j'écris ces lignes. Il fait noir comme chez le loup. Nous sommes sur bord de la rivière Chobe au camping Ihaha, dans notre tente sur le toit de notre 4x4. Et nous en sommes très heureux car en ce moment même des éléphants broutent à moins de 5m de nous pendant que d'autre prennent un bain bruyant dans la rivière tranquille. Tout un vacarme : soufflements, jets d'eau, grondements, éclaboussements, bulles, etc. Quelle expérience!

On dit qu'il y a entre 80 000 et 120 000 éléphants à Chobe. Pas de misère à le croire si l'on en juge au nombre d'éléphants vus aujourd'hui.

Ce matin après déjeuner nous allons à la barrière du Parc pour réserver et payer les campings des deux prochaines nuits. Nous arrivons à 8h là-bas en même temps que cette gentille dame si «serviable est compétente» qu'on avait vue il y a quelques jours. Le seul hic c'est que son bureau ouvre à 6h... On a bien fait de se méfier mais on s'est tout de même fait jouer un tour. Nous avions compris lors de notre visite de la semaine dernière que l'on pourrait payer avec une carte de crédit. Et bien aujourd'hui, ce n'est pas possible. Il nous faut donc retourner à la ville pour retirer des fonds. Seulement 15 km au total aller et retour donc cela ne devait pas prendre de temps. Mais nous avons eu un problème avec un guichet automatique qui lit mal les cartes à puce nous a-t-on dit à la banque. Le résultat est que nos deux cartes furent désactivées et qu'il a fallu appeler notre banque par Skype pour les réactiver. Il était 9h ici et donc deux heures du matin au Canada mais le service de notre banque fut impeccable.

Au bout de deux heures, nous revoici à la barrière du parc avec notre sympathique et professionnelle préposée. Nous remplissons toutes les formalités et la payons comptant. Mais elle n'a pas de monnaie et nous devons donc lui laisser un pourboire ce qui nous rend très heureux...

Bon les éléphants sont tout autour de nous maintenant. En autant qu'ils ne viennent pas se frotter au camion...

On continue! Nous payons ensuite les droits d'entrée du parc à la barrière et puis nous pouvons y aller. Mais il n'y a pas de stress car nous n'avons que 35 km de piste à faire aujourd'hui pour aller à Ihaha.

La piste est tracée dans le sable. Un sable qui porte assez bien mais qui nécessite tout de même l'emploi des quatre roues motrices. De temps à autre, un trou de boue à franchir qui oblige de passer en mode 4x4 démultiplié (low gear) avec les 4 roues barrées. Nous prenons aussi la liberté d'emprunter quelques boucles qui passent tout au bord de la rivière. Le but est d'arriver en début d'après-midi à Ihaha.

Nous voyons quelques éléphants au départ mais il se fait tard et ils sont plus dans la forêt que dans les éclaicies ou sur le bord de la rivière. On en profite pour admirer des dizaines d'espèces d'oiseaux dont plusieurs pour la première fois. Notre guide Newman d'identification des oiseaux d'Afrique Australe est excellent et l'on peut identifier la plupart des oiseaux qu'on voit.

Nous voyons une vingtaine. de girafes, quelques kudus, quelques waterbucks, des phacochères et des centaines d'impalas. Nous arrivons vers 14h au camping et nous nous faisons notre repas principal de la journée dès l'arrivée. Notre site est juste en bord de rivière et donne sur une plaine qui s'étend à perte de vue de l'autre bord de la rivière Chobe, en Namibie. Le camping n'est pas clôturé et on nous dit d'être attentif lorsqu'on va au bloc sanitaire. Question de ne pas faire de mauvaise rencontre. Et pour la nuit, s'il faut y aller c'est en véhicule car autrement c'est trop risqué de rencontrer des animaux dangereux.

Vers 16h30 nous partons faire un petit safari dans des petits chemins autour. Surprise! Une dizaine de girafes broutent dans le camping tout près de notre site. Lors que l'on prend la bouche Ihaha sur le bord de la rivière c'est l'abondance d'animaux. Ceux-ci sortent pour se rendre à la rivière : des centaines d'impalas, des dizaines de babouins et surtout, des dizaines d'éléphants répartis en de nombreux groupes. Nous devons arrêter car un groupe d'éléphants nous bloque le passage quelques centaines de mètres plus loin. Pas question de les approcher de trop près. Les éléphants d'Afrique sont reconnus pour leur tempérament qui les porte à charger. En plus le groupe compte un tout petit éléphanteau, né il y a quelques jours à peine. Nous espérons juste que notre route ne soit pas bloquée aussi derrière nous par un autre groupe. Si c'est le cas, il faudra patienter et attendre qu'ils nous laissent la voie libre avant de retourner au camping.




Finalement nous faisons demi-tour et pouvons passer sans problème juste avant qu'un autre groupe qui broute sur le butte surplombant le chemin ne descende à son tour à la rivière.

De retour au camping, nous prenons notre douche, ouvrons la tente et transférons à l'arrière du véhicule et dans la tente tout le matériel qui se trouve habituellement dans l'habitacle. C'est qu'il y a eu des vols avec effraction la semaine dernière dans le camping. Des Namibiens habitent tout près d'ici de l'autre côté de la rivière. Ils traversent la rivière durant la nuit et fracassent une vitre des camions pour voler le contenu de l'habitache pendant que les propriétaires sont dans leur tente. Ils font vite et il fait noir. Donc personne ne peut les en empêcher. Nous ne sommes pas vraiment inquiets mais mieux vaut faire preuve de prudence. Comme il n'y a rien dans l'habitacle, il devrait y avoir peu d'intérêt pour eux à briser une vitre, s'ils viennent ce soir.


Couché de soleil sur la rivière Chobe, Ihaha


Il est maintenant neuf heures et le calme revient. La plupart des éléphants sont maintenant à une centaine de mètres. On les entend encore communiquer entre eux avec des vibrations très basses. Il en reste un dans l'eau mais il est peu bruyant à comparer aux autres qui ont pris leur bain avant lui.

On se demande bien quel sera la prochaine surprise ce soir. Les préposés nous ont dit qu'un lion avait rugit toute la nuit dernière dans le camping.

Mercredi le 29 janvier

D'autres groupes d'éléphants sont venus autour de nous et jouer près de nous dans la rivière toute la nuit. Il y avait de l'action. Les surveillants du parc sont passés trois fois ce qui nous a rassuré au regard des voleurs.

Nous nous levons à la barre du jour. Il pleut abondamment et nous décidons de plier bagage de ce pas. C'est moins drôle de fermer la tente sous la pluie mais le ciel est bouché tout le tour et aussi bien faire cela tout de suite car nous avons une longue route à faire soit près de 200 km dont les trois quarts en piste sablonneuse. Nous partons du camping Ihaha vers 6h45. Moins de quatre kilomètres plus tard, après avoir vu et tassé de la route des centaines d'impalas, nous nous butons à un troupeau d'environ 200 buffles africains. Ils barrent complètement la route. Que fait-on? C'est réputé pour être plutôt irascibles ces grosses bêtes-là. Nous patientons un moment mais ils semblent bien installés sur la route et dans la prairie de chaque côté. On ne peut se permettre de passer trop de temps ici. On avance donc très lentement, centimètre par centimètre. Un gros buffle se plante devant nous dans le milieu du chemin. Il gratte le sol avec ses pattes. On arrête. Nous restons sans bouger quelques minutes puis réavançons lentement. Et voilà qu'il décide de s'enlever de la route. Nous passons à pas de tortue à travers le troupeau. Des centaines de paires d'yeux nous regardent passer. Ils n'ont pas peur du tout mais ne semblent pas agressifs. Finalement, on passe le troupeau et nous revoilà partis.



Quelques centaines de mètres plus loin, nous contemplons en passant un autre grand troupeau de buffles qui broutent dans la pente herbeuse à notre gauche. Et soudain, que voit-on sur le bord du chemin, à droite, juste devant nous? Deux lionnes qui observent attentivement les buffles. Quelle chance! Nous les regardons à satiété puis avançons lentement pour passer devant elles, à moins d'un mètre de ma porte. J'ai fermé ma vitre d'auto par prudence. Nous les photographions et filmons un peu puis nous reprenons notre chemin. Wow! Quelle journée qui commence bien!




Nous sortons du secteur nord du Parc de Chobe et empruntons une belle route asphaltée jusqu'à Kachikau, le dernier village avant de retomber dans le Parc. En passant nous arrêtons à une halte de pique-nique pour prendre notre petit-déjeuner et un bon café.



À Kachikau, la belle route neuve cesse abrutement et se transforme en quelques mètres en chemin de brousse. Nous roulons en mode 4x4 en permanence car le sable est mou et les roulières profondes. On se fait charrier de gauche à droite en permanence. Mais cela se passe bien. Nous ne voyons presque plus d'animaux car la forêt arbustive est très dense. Pas de doute, cependant, il y a des centaines et des milliers d'éléphants par ici car leurs traces fraîches sont partout sur le chemin. Les arbustes sont même sculptés par le broutage intensif des pachydermes.



Cinquante kilomètres plus loin, nous repassons par une barrière où nous sommes accueillis avec une grande gentillesse par la préposée. Elle ne voit passer qu'un ou deux véhicule par jour en cette basse saison, parfois aucun. Ce n'est donc pas la place pour tomber en panne quand, comme nous, tu te promène en solitaire.

Nous réussissons à tenir une vitesse moyenne de 30-35 km/h sur la piste. C'est bon car nous arrivons vers 12h au camping de Savuti. Un peu avant d'arriver, quelques zèbres et antilopes gambadent dans le pan situé à moins d'un kilomètre du camping. Nous y retournerons ce soir se dit-on. Nous nous enregistrons au camping, le plus coûteux de notre vie : 50 $US par personne par soir soit 110$CAD par nuit pour le site. On se console, en lodge à Savuti, on doit compter entre 900 et 1500$US par jour par personne. Cela inclut la nourriture et les safaris en camion mais c'est tout de même hors de prix pour nous.

On ouvre la tente pour la faire sécher. Le ciel est très nuageux mais la pluie a cessé dans l'heure suivant notre départ. Le retour des orages sera pour ce soir pensons-nous. Nous préparons notre gros repas de la journée et s'assoyons pour manger vers 14h. Notre site est situé sur le bord de la rivière Savuti. Durant la saison sèche, il doit y avoir des centaines d'animaux qui viennent boire deux fois par jour à la rivière juste en face du site . Mais là c'est désert. Les animaux sont dispersés et il y a de l'eau partout dans la forêt. Pourquoi se déplaceraient-ils à moins de vouloir prendre un bain?



Nous replions la tente vers 15h30 et partout faire un mini safari dans chemins environnants. Nous sommes prudents et rebroussons chemin à deux reprises pour ne pas passer dans des trous d'eau donc on ignore la profondeur. Nous allons à un site de peintures rupestres. Une pancarte indique le début d'un sentier mais celui-ci n'est pas évident. On le suit tout en guettant aux alentours au cas où il aurait des fauves. Mais rendu à la paroi rocheuse, le sentier se perd dans les rochers et la végétation et nous devons abandonner notre quête. Tant pis! Au passage, quatre beaux kudus avec des cornes énormes et deux gros éléphants qui paissent au milieu d'une prairie. Magique!






Nous prenons ensuite un petit chemin sablonneux qui fait le tour d'un beau massif rocheux mais je me fais surprendre dans une côte et nous voici ensablés. Je n'avais pas assez de vitesse et les ornières étaient si profondes que le dessous du camion frottait au centre du chemin, nous ralentissant encore plus. On a beau essayer d'avancer et reculer comme pour la neige, mais rien n'y fait. Si on continue on va s'enfoncer jusqu'aux essieux. Nous sortons donc la pelle et les longues bandes de caoutchouc pour mettre sous les roues. Les traction-aids pour le sable quoi! En moins de dix minutes, les roues sont dégagées vers l'arrière, le dessous est libéré et les bandes posées. Hélène guette les gros chats pendant que je joue de la pelle. Et cela sort du premier coup! Nous voilà baptisés pour l'ensablement!



Nous retournons ensuite à la plaine où on avait vu des zèbres ce matin. Et tout juste sur le bord de la piste se trouvent cinq beaux lycaons qui font la sieste. On les approche à quelques mètres seulement. Ils se tassent un peu puis se recouchent. Décidément, nous sommes chanceux aujourd'hui!




Nous retournons ensuite au camping pour prendre une douche, installer de nouveau la tente, maintenant sèche, et manger quelques fruits en guise de souper. Pendant que je faisais ce blogue, j'entends de pas dans la rivière à environ 50 m de mon siège. Je me retourne et aperçois six lycaons de l'autre côté de la rivière. Ils nous regardent durant quelques minutes puis reprennent le chemin vers la savanne à la file indienne. Encore chanceux!



Et voici que je dois interrompre encore le blogue car un éléphant se pointe sur le site à côté de nous. On le filme et le photographie abondamment mais tout en restant en retrait à côté de la voiture. Les éléphants d'Afrique sont imprévisibles et on n'a pas envie de se faire charger. L'éléphant finit par traverser la rivière et nous quitte d'un pas nonchalant. La chance continue! Il fait presque noir maintenant et nous monterons dans quelques minutes à la tente. Ici c'est bien défendu de se promener dans le camping la nuit. Un touriste a été attaqué par un léopard l'an dernier. Une attaque non fatale mais dont il aurait certainement pu se passer.

Les grenouilles croassent dans la rivière. Est-ce que ce sera notre seule musique d'ambiance pour la nuit?

Jeudi le 30 janvier

Après une nuit très tranquille durant laquelle on a entendu que le cri d'une hyène une seule fois, nous partons dès 7h15 après un bon petit déjeuner. Nous avons 200 km de pistes à parcourir aujourd'hui. La préposée du Nord nous a dit que le chemin était bien mieux au Sud de Savuti et donc on s'attend à un trajet moins fatiguant que la veille. Mais seulement cinq kilomètres après notre départ, voici qu'on entre dans une série de dos d'ânes où alternent trous de boue et buttes de sable en une succession infinie. Par chance, nous rattrapons un groupe de cinq véhicules en convoi et il devient beaucoup plus facile de négocier les trous d'eau et de boue en les suivant. Un peu comme lorsque l'on suit une auto dans une tempête de neige. Cela dure durant presque trois heures comme cela, pour faire les premiers 60 km..., c'est à dire jusqu'à la sortie du parc. Par la suite cela s'améliore un peu : une heure à 30-35 km/h et une autre heure à 40-60 km/h et enfin presqu'une heure sur une route asphaltée. En somme une route faisable mais près de notre limite de compétence actuellement. Et lorsqu'on additionne les heures de conduite qui nécessite une attention de tous les instants, cela commence à peser.



Nous avons vu peu d'animaux en cours de route même si la voie était parfois couverte de pistes d'élphants : quelques éléphants, des zèbres, un couple d'autruches couchées dans le milieu du chemin et un peu plus loin, une famille d'autruches composée de trois adultes et de six tout-petits. Très joli comme portrait!



Nous arrivons à Maun, ville de 65 000 habitants et capitale du tourisme au Botswana, vers 13h30. Nous prenons un site de camping au Island Safari Lodge à l'entrée de la ville sur le bord de la rivière. Nous dînons puis allons nous informer au Département de la faune sur les conditions de route dans le Parc du Kalahari. Les cinq préposés n'y sont jamais allé et malgré un appel à on ne sait qui, nous ressortons de là sans savoir vraiment à quoi s'en tenir. Ils peuvent nous réserver les sites de camping et nous émettre les permis mais pour les renseignements sur la qualité des pistes pour se rendre, on oublie cela.

Nous allons ensuite prendre un dessert dans un resto avec internet pour prendre nos courriels mais la connexion est trop lente pour faire quoi que ce soit d'autre.

Nous retournons au camping pour appeler une agence de Gaborone, la capitale. Big Tour détient les droits d'exploitation la majorité des campings dans le Parc du Kalahari. Mais là encore on se butte à l'ignorance des préposés sur les conditions de route. Ils savent réserver un site et te faire payer mais c'est tout. Le reste, tu t'organises seul.

Par hasard, le propriétaire du Lodge est là et vient nous voir à la demande d'un de ses employés très allumé et qui veut nous aider. Shawn connaît assez bien le Parc pour y être allé il y a quelques années. Le paysage et la faune y sont incomparables! Mais il nous parle aussi des pistes, certaines en sable profond et d'autres en trous de boue profonds... Et de la difficulté de traverser sans se prendre pour de bon surtout quand nous ne sommes qu'une seule voiture. Pas aisé de se déprendre d'un sale trou. Il y a bien des services de secours qu'on peut joindre par téléphone satellite mais cela coûte un bras. Payer 1000$ pour un dépannage n'est pas nécessairement notre but. Finalement il nous suggère d'aller voir les propriétaires d'une auberge dans le Kalahari qui ont un bureau ici en ville pour en savoir plus. C'est donc ce que nous ferons demain avant de décider si nous y allons ou si nous passons notre tour pour le Kalahari cette fois-ci.

Par la même occasion, nous faisons la connaissance d'un campeur qui prévoit faire le Kalahari du Sud au Nord dans 2 semaines. Il nous communique certains renseignements et nous en promet plus pour demain après qu'il aura communiqué avec certaines de ses connaissances. À suivre.







1 commentaire:

  1. Merci pour la photo de baobab que j avais commandé! Que d'animaux! C est ahurissant! N allez pas vous prendre seuls au millieu de nulle part, aventuriers n'égale pas téméraires... Bizous de toute la famille! Xxx

    RépondreSupprimer

Les commentaires constructifs sont les bienvenus. Attention les commentaires sont publics. Le courriel est préférable pour des messages privés! Indiquez votre prénom (ou un surnom) pour les messages anonymes svp.