Mardi le 28 janvier
Kasane à Camping Ihaha dans le parc
national de Chobe, Botswana.
Il est 20 heures au moment où
j'écris ces lignes. Il fait noir comme chez le loup. Nous sommes
sur bord de la rivière Chobe au camping Ihaha, dans notre tente sur
le toit de notre 4x4. Et nous en sommes très heureux car en ce
moment même des éléphants broutent à moins de 5m de nous pendant
que d'autre prennent un bain bruyant dans la rivière tranquille.
Tout un vacarme : soufflements, jets d'eau, grondements,
éclaboussements, bulles, etc. Quelle expérience!
On dit qu'il y a entre 80 000 et 120
000 éléphants à Chobe. Pas de misère à le croire si l'on en
juge au nombre d'éléphants vus aujourd'hui.
Ce matin après déjeuner nous allons à
la barrière du Parc pour réserver et payer les campings des deux
prochaines nuits. Nous arrivons à 8h là-bas en même temps que
cette gentille dame si «serviable est compétente» qu'on avait vue il y a quelques
jours. Le seul hic c'est que son bureau ouvre à 6h... On a bien
fait de se méfier mais on s'est tout de même fait jouer un tour.
Nous avions compris lors de notre visite de la semaine dernière que
l'on pourrait payer avec une carte de crédit. Et bien aujourd'hui,
ce n'est pas possible. Il nous faut donc retourner à la ville pour
retirer des fonds. Seulement 15 km au total aller et retour donc
cela ne devait pas prendre de temps. Mais nous avons eu un problème
avec un guichet automatique qui lit mal les cartes à puce nous
a-t-on dit à la banque. Le résultat est que nos deux cartes furent
désactivées et qu'il a fallu appeler notre banque par Skype pour
les réactiver. Il était 9h ici et donc deux heures du matin au
Canada mais le service de notre banque fut impeccable.
Au bout de deux heures, nous revoici à
la barrière du parc avec notre sympathique et professionnelle
préposée. Nous remplissons toutes les formalités et la payons
comptant. Mais elle n'a pas de monnaie et nous devons donc lui
laisser un pourboire ce qui nous rend très heureux...
Bon les éléphants sont tout autour
de nous maintenant. En autant qu'ils ne viennent pas se frotter au
camion...
On
continue! Nous payons ensuite les droits d'entrée du
parc à la barrière et puis nous pouvons y aller. Mais il n'y a
pas de stress car nous n'avons que 35 km de piste à faire
aujourd'hui pour aller à Ihaha.
La piste est tracée dans le sable. Un
sable qui porte assez bien mais qui nécessite tout de même l'emploi
des quatre roues motrices. De temps à autre, un trou de boue à
franchir qui oblige de passer en mode 4x4 démultiplié (low gear)
avec les 4 roues barrées. Nous prenons aussi la liberté
d'emprunter quelques boucles qui passent tout au bord de la rivière.
Le but est d'arriver en début d'après-midi à Ihaha.
Nous voyons quelques éléphants au
départ mais il se fait tard et ils sont plus dans la forêt que dans
les éclaicies ou sur le bord de la rivière. On en profite pour
admirer des dizaines d'espèces d'oiseaux dont plusieurs pour la
première fois. Notre guide Newman d'identification des oiseaux
d'Afrique Australe est excellent et l'on peut identifier la plupart
des oiseaux qu'on voit.
Nous voyons une vingtaine. de girafes,
quelques kudus, quelques waterbucks, des phacochères et des
centaines d'impalas. Nous arrivons vers 14h au camping et nous nous
faisons notre repas principal de la journée dès l'arrivée. Notre
site est juste en bord de rivière et donne sur une plaine qui
s'étend à perte de vue de l'autre bord de la rivière Chobe, en
Namibie. Le camping n'est pas clôturé et on nous dit d'être
attentif lorsqu'on va au bloc sanitaire. Question de ne pas faire de
mauvaise rencontre. Et pour la nuit, s'il faut y aller c'est en
véhicule car autrement c'est trop risqué de rencontrer des animaux
dangereux.
Vers 16h30 nous partons faire un petit
safari dans des petits chemins autour. Surprise! Une dizaine de
girafes broutent dans le camping tout près de notre site. Lors que
l'on prend la bouche Ihaha sur le bord de la rivière c'est
l'abondance d'animaux. Ceux-ci sortent pour se rendre à la
rivière : des centaines d'impalas, des dizaines de babouins et
surtout, des dizaines d'éléphants répartis en de nombreux groupes.
Nous devons arrêter car un groupe d'éléphants nous bloque le
passage quelques centaines de mètres plus loin. Pas question de les
approcher de trop près. Les éléphants d'Afrique sont reconnus
pour leur tempérament qui les porte à charger. En plus le groupe
compte un tout petit éléphanteau, né il y a quelques jours à
peine. Nous espérons juste que notre route ne soit pas bloquée
aussi derrière nous par un autre groupe. Si c'est le cas, il faudra
patienter et attendre qu'ils nous laissent la voie libre avant de
retourner au camping.
Finalement nous faisons demi-tour et
pouvons passer sans problème juste avant qu'un autre groupe qui
broute sur le butte surplombant le chemin ne descende à son tour à
la rivière.
De retour au camping, nous prenons
notre douche, ouvrons la tente et transférons à l'arrière du
véhicule et dans la tente tout le matériel qui se trouve
habituellement dans l'habitacle. C'est qu'il y a eu des vols avec
effraction la semaine dernière dans le camping. Des Namibiens
habitent tout près d'ici de l'autre côté de la rivière. Ils
traversent la rivière durant la nuit et fracassent une vitre des
camions pour voler le contenu de l'habitache pendant que les
propriétaires sont dans leur tente. Ils font vite et il fait noir.
Donc personne ne peut les en empêcher. Nous ne sommes pas vraiment
inquiets mais mieux vaut faire preuve de prudence. Comme il n'y a
rien dans l'habitacle, il devrait y avoir peu d'intérêt pour eux à
briser une vitre, s'ils viennent ce soir.
Couché de soleil sur la rivière Chobe, Ihaha |
Il est maintenant neuf heures et le
calme revient. La plupart des éléphants sont maintenant à une
centaine de mètres. On les entend encore communiquer entre eux avec
des vibrations très basses. Il en reste un dans l'eau mais il est
peu bruyant à comparer aux autres qui ont pris leur bain avant lui.
On se demande bien
quel sera la prochaine surprise ce soir. Les préposés nous ont dit
qu'un lion avait rugit toute la nuit dernière dans le camping.
Mercredi le 29
janvier
D'autres groupes
d'éléphants sont venus autour de nous et jouer près de nous dans
la rivière toute la nuit. Il y avait de l'action. Les surveillants
du parc sont passés trois fois ce qui nous a rassuré au regard des
voleurs.
Nous nous levons à
la barre du jour. Il pleut abondamment et nous décidons de plier
bagage de ce pas. C'est moins drôle de fermer la tente sous la pluie
mais le ciel est bouché tout le tour et aussi bien faire cela tout
de suite car nous avons une longue route à faire soit près de 200
km dont les trois quarts en piste sablonneuse. Nous partons du
camping Ihaha vers 6h45. Moins de quatre kilomètres plus tard,
après avoir vu et tassé de la route des centaines d'impalas, nous
nous butons à un troupeau d'environ 200 buffles africains. Ils
barrent complètement la route. Que fait-on? C'est réputé pour
être plutôt irascibles ces grosses bêtes-là. Nous patientons un
moment mais ils semblent bien installés sur la route et dans la
prairie de chaque côté. On ne peut se permettre de passer trop de
temps ici. On avance donc très lentement, centimètre par
centimètre. Un gros buffle se plante devant nous dans le milieu du
chemin. Il gratte le sol avec ses pattes. On arrête. Nous restons
sans bouger quelques minutes puis réavançons lentement. Et voilà
qu'il décide de s'enlever de la route. Nous passons à pas de
tortue à travers le troupeau. Des centaines de paires d'yeux nous
regardent passer. Ils n'ont pas peur du tout mais ne semblent pas
agressifs. Finalement, on passe le troupeau et nous revoilà partis.
Quelques centaines de mètres plus loin, nous contemplons en passant un autre grand troupeau de buffles qui broutent dans la pente herbeuse à notre gauche. Et soudain, que voit-on sur le bord du chemin, à droite, juste devant nous? Deux lionnes qui observent attentivement les buffles. Quelle chance! Nous les regardons à satiété puis avançons lentement pour passer devant elles, à moins d'un mètre de ma porte. J'ai fermé ma vitre d'auto par prudence. Nous les photographions et filmons un peu puis nous reprenons notre chemin. Wow! Quelle journée qui commence bien!
Quelques centaines de mètres plus loin, nous contemplons en passant un autre grand troupeau de buffles qui broutent dans la pente herbeuse à notre gauche. Et soudain, que voit-on sur le bord du chemin, à droite, juste devant nous? Deux lionnes qui observent attentivement les buffles. Quelle chance! Nous les regardons à satiété puis avançons lentement pour passer devant elles, à moins d'un mètre de ma porte. J'ai fermé ma vitre d'auto par prudence. Nous les photographions et filmons un peu puis nous reprenons notre chemin. Wow! Quelle journée qui commence bien!
Nous sortons du
secteur nord du Parc de Chobe et empruntons une belle route asphaltée
jusqu'à Kachikau, le dernier village avant de retomber dans le Parc.
En passant nous arrêtons à une halte de pique-nique pour prendre
notre petit-déjeuner et un bon café.
À Kachikau, la
belle route neuve cesse abrutement et se transforme en quelques
mètres en chemin de brousse. Nous roulons en mode 4x4 en permanence
car le sable est mou et les roulières profondes. On se fait
charrier de gauche à droite en permanence. Mais cela se passe bien.
Nous ne voyons presque plus d'animaux car la forêt arbustive est
très dense. Pas de doute, cependant, il y a des centaines et des
milliers d'éléphants par ici car leurs traces fraîches sont
partout sur le chemin. Les arbustes sont même sculptés par le
broutage intensif des pachydermes.
Cinquante kilomètres plus loin, nous
repassons par une barrière où nous sommes accueillis avec une
grande gentillesse par la préposée. Elle ne voit passer qu'un ou
deux véhicule par jour en cette basse saison, parfois aucun. Ce
n'est donc pas la place pour tomber en panne quand, comme nous, tu te
promène en solitaire.
Nous réussissons à tenir une vitesse
moyenne de 30-35 km/h sur la piste. C'est bon car nous arrivons vers
12h au camping de Savuti. Un peu avant d'arriver, quelques zèbres
et antilopes gambadent dans le pan situé à moins d'un kilomètre du
camping. Nous y retournerons ce soir se dit-on. Nous nous
enregistrons au camping, le plus coûteux de notre vie : 50 $US
par personne par soir soit 110$CAD par nuit pour le site. On se
console, en lodge à Savuti, on doit compter entre 900 et 1500$US par
jour par personne. Cela inclut la nourriture et les safaris en
camion mais c'est tout de même hors de prix pour nous.
On ouvre la tente pour la faire sécher.
Le ciel est très nuageux mais la pluie a cessé dans l'heure
suivant notre départ. Le retour des orages sera pour ce soir
pensons-nous. Nous préparons notre gros repas de la journée et
s'assoyons pour manger vers 14h. Notre site est situé sur le bord
de la rivière Savuti. Durant la saison sèche, il doit y avoir des
centaines d'animaux qui viennent boire deux fois par jour à la
rivière juste en face du site . Mais là c'est désert. Les
animaux sont dispersés et il y a de l'eau partout dans la forêt.
Pourquoi se déplaceraient-ils à moins de vouloir prendre un bain?
Nous replions la tente vers 15h30 et
partout faire un mini safari dans chemins environnants. Nous sommes
prudents et rebroussons chemin à deux reprises pour ne pas passer
dans des trous d'eau donc on ignore la profondeur. Nous allons à un
site de peintures rupestres. Une pancarte indique le début d'un
sentier mais celui-ci n'est pas évident. On le suit tout en
guettant aux alentours au cas où il aurait des fauves. Mais rendu à
la paroi rocheuse, le sentier se perd dans les rochers et la
végétation et nous devons abandonner notre quête. Tant pis! Au
passage, quatre beaux kudus avec des cornes énormes et deux gros
éléphants qui paissent au milieu d'une prairie. Magique!
Nous prenons ensuite un petit chemin
sablonneux qui fait le tour d'un beau massif rocheux mais je me fais
surprendre dans une côte et nous voici ensablés. Je n'avais pas
assez de vitesse et les ornières étaient si profondes que le
dessous du camion frottait au centre du chemin, nous ralentissant
encore plus. On a beau essayer d'avancer et reculer comme pour la
neige, mais rien n'y fait. Si on continue on va s'enfoncer jusqu'aux
essieux. Nous sortons donc la pelle et les longues bandes de
caoutchouc pour mettre sous les roues. Les traction-aids pour le
sable quoi! En moins de dix minutes, les roues sont dégagées vers
l'arrière, le dessous est libéré et les bandes posées. Hélène
guette les gros chats pendant que je joue de la pelle. Et cela sort
du premier coup! Nous voilà baptisés pour l'ensablement!
Nous retournons ensuite à la plaine où
on avait vu des zèbres ce matin. Et tout juste sur le bord de la
piste se trouvent cinq beaux lycaons qui font la sieste. On les
approche à quelques mètres seulement. Ils se tassent un peu puis
se recouchent. Décidément, nous sommes chanceux aujourd'hui!
Nous retournons ensuite au camping pour
prendre une douche, installer de nouveau la tente, maintenant sèche,
et manger quelques fruits en guise de souper. Pendant que je faisais
ce blogue, j'entends de pas dans la rivière à environ 50 m de mon
siège. Je me retourne et aperçois six lycaons de l'autre côté de
la rivière. Ils nous regardent durant quelques minutes puis
reprennent le chemin vers la savanne à la file indienne. Encore
chanceux!
Et voici que je dois interrompre encore
le blogue car un éléphant se pointe sur le site à côté de nous.
On le filme et le photographie abondamment mais tout en restant en
retrait à côté de la voiture. Les éléphants d'Afrique sont
imprévisibles et on n'a pas envie de se faire charger. L'éléphant
finit par traverser la rivière et nous quitte d'un pas nonchalant.
La chance continue! Il fait presque noir maintenant et nous
monterons dans quelques minutes à la tente. Ici c'est bien défendu
de se promener dans le camping la nuit. Un touriste a été attaqué
par un léopard l'an dernier. Une attaque non fatale mais dont il
aurait certainement pu se passer.
Les grenouilles croassent dans la
rivière. Est-ce que ce sera notre seule musique d'ambiance pour la
nuit?
Jeudi le 30 janvier
Après une nuit très tranquille durant
laquelle on a entendu que le cri d'une hyène une seule fois, nous
partons dès 7h15 après un bon petit déjeuner. Nous avons 200 km
de pistes à parcourir aujourd'hui. La préposée du Nord nous a dit
que le chemin était bien mieux au Sud de Savuti et donc on s'attend
à un trajet moins fatiguant que la veille. Mais seulement cinq
kilomètres après notre départ, voici qu'on entre dans une série
de dos d'ânes où alternent trous de boue et buttes de sable en une
succession infinie. Par chance, nous rattrapons un groupe de cinq
véhicules en convoi et il devient beaucoup plus facile de négocier
les trous d'eau et de boue en les suivant. Un peu comme lorsque l'on
suit une auto dans une tempête de neige. Cela dure durant presque
trois heures comme cela, pour faire les premiers 60 km..., c'est à
dire jusqu'à la sortie du parc. Par la suite cela s'améliore un
peu : une heure à 30-35 km/h et une autre heure à 40-60 km/h
et enfin presqu'une heure sur une route asphaltée. En somme une
route faisable mais près de notre limite de compétence
actuellement. Et lorsqu'on additionne les heures de conduite qui
nécessite une attention de tous les instants, cela commence à
peser.
Nous avons vu peu d'animaux en cours de
route même si la voie était parfois couverte de pistes d'élphants :
quelques éléphants, des zèbres, un couple d'autruches couchées
dans le milieu du chemin et un peu plus loin, une famille d'autruches
composée de trois adultes et de six tout-petits. Très joli comme
portrait!
Nous arrivons à Maun, ville de 65 000
habitants et capitale du tourisme au Botswana, vers 13h30. Nous
prenons un site de camping au Island Safari Lodge à l'entrée de la
ville sur le bord de la rivière. Nous dînons puis allons nous
informer au Département de la faune sur les conditions de route dans
le Parc du Kalahari. Les cinq préposés n'y sont jamais allé et
malgré un appel à on ne sait qui, nous ressortons de là sans
savoir vraiment à quoi s'en tenir. Ils peuvent nous réserver les
sites de camping et nous émettre les permis mais pour les
renseignements sur la qualité des pistes pour se rendre, on oublie
cela.
Nous allons ensuite prendre un dessert
dans un resto avec internet pour prendre nos courriels mais la
connexion est trop lente pour faire quoi que ce soit d'autre.
Nous retournons au camping pour appeler
une agence de Gaborone, la capitale. Big Tour détient les droits
d'exploitation la majorité des campings dans le Parc du Kalahari.
Mais là encore on se butte à l'ignorance des préposés sur les
conditions de route. Ils savent réserver un site et te faire payer
mais c'est tout. Le reste, tu t'organises seul.
Par hasard, le propriétaire du Lodge
est là et vient nous voir à la demande d'un de ses employés très
allumé et qui veut nous aider. Shawn connaît assez bien le Parc
pour y être allé il y a quelques années. Le paysage et la faune y
sont incomparables! Mais il nous parle aussi des pistes, certaines
en sable profond et d'autres en trous de boue profonds... Et de la
difficulté de traverser sans se prendre pour de bon surtout quand
nous ne sommes qu'une seule voiture. Pas aisé de se déprendre d'un
sale trou. Il y a bien des services de secours qu'on peut joindre
par téléphone satellite mais cela coûte un bras. Payer 1000$ pour
un dépannage n'est pas nécessairement notre but. Finalement il
nous suggère d'aller voir les propriétaires d'une auberge dans le
Kalahari qui ont un bureau ici en ville pour en savoir plus. C'est
donc ce que nous ferons demain avant de décider si nous y allons ou
si nous passons notre tour pour le Kalahari cette fois-ci.
Par la même occasion, nous faisons la
connaissance d'un campeur qui prévoit faire le Kalahari du Sud au
Nord dans 2 semaines. Il nous communique certains renseignements et
nous en promet plus pour demain après qu'il aura communiqué avec
certaines de ses connaissances. À suivre.