samedi 8 février 2014

Maun à Central Kalahari Game Reserve (CKGR) à Windhoek, Namibie

Samedi le premier février

Réveillés des cinq heures, nous nous levons lorsque la lumière du jour commence à paraître soit vers 6h00. Nous déjeunons en jasant avec notre voisin de camping, Scott. Nous avons reçu de la part de son ami Steve un bon journal de voyage avec photos sur le Central Kalahari Game Reserve (CKGR).

Ulla, notre voisine Allemande, est toujours intéressée à venir avec nous à CKGR. Nous allons donc dès huit heures aux bureaux du Departement of Wildlife and National Parks pour faire les réservations, payer les droits d'accès et de campings et obtenir les autorisations nécessaires pour passer la barrière de Matswere, près de Rakops.



Pendant q'Ulla fait ses courses, diesel, épicerie, etc, nous allons prendre un café chez Wimpy car on a accès à Internet wi-fi à cet endroit, l'un des rares de Maun.

Nous partons finalement de Maun vers 10h15. Nous faisons les deux cents kilomètres de route asphaltée jusqu'à Rakop en un peu plus de deux heures, étant ralentis à une barrière sanitaire qui nous oblige à désinfecter le dessous de nos souliers et de la voiture. On y fouille aussi les véhicules pour saisir toute viande et fruits. On vient de faire une grosse épicerie et je suis plutôt contrarié car le tout n'est qu'une mascarade. Totalement inefficace tellement c'est mal fait! Je m'obstine donc avec le préposé ainsi qu'avec le policier qui l'accompagne tout en restant très poli. Ils veulent qu'on fasse cuire notre viande ou qu'on la leur donne. No way! Je leur ai dit qu'on venait d'acheter tout cela pour aller dans le Kalahari et qu'on ne partira certainement pas sans nourriture! Le préposé fléchit un peu. Je le gratifie discrètement d'un petit pourboire pour l'excellent travail accompli et il nous laisse tranquille. Ouf!

À Rakops, nous refaisons le plein de diésel pour avoir l'autonomie maximale. Nos deux réservoirs contiennent 160 l et on ajoute à cela deux jerrycans de 20 l chacun. Nou sommes bons pour 1000 à 1200 km de piste alors qu'on en fera que 500 à 600 environ au cours des six prochains jours.

Nous entrons dans la piste à quelques kilomètres de Rakops et cela commence raide. Des trous d'eau qui se suivent sans arrêt durant la première heure. Pas trop profonds cependant, rarement en haut du pare-chocs. Mais le fond de la route est dur et cela passe facilement. Nous arrivons à la barrière vers 15h car on ne peut rouler très vite dans ces conditions. Là nous présentons nos papiers qui sont tous en règle. Nous installons dès lors les filets protecteurs devant les grilles de radiateur des deux camions et abaissons la pression des pneus pour avoir une meilleure traction sur le sable. On enlève environ 30% de pression. Les filets servent à éviter que les radiateurs ne se bouchent avec la boue des trous d'eau et surtout avec les graines de graminées que l'on balaye sans cesse en roulant dans ces pistes. Car une fois les fentes de radiateur bouchées, celui-ci ne perd plus de chaleur et le moteur surchauffe alors très rapidement.





Après la barrière, le chemin est plus sablonneux et il y a moins de trous d'eau. Le sable est très humide à cause des récentes pluies et il nous porte très bien. C'est presque facile de conduire dans ces conditions. Nous avons des pointes de vitesse à 40 km/h parfois... Espérons que ce sera aussi facile pour le reste de notre trajet.

Le foin est abondant et la plupart du temps très haut. Plus de 1,5 m de hauteur. Dans ces conditions, il est très difficile de voir de la faune. Ce n'est que lorsque l'on arrive dans les «pans» qu'on peut observer les animaux car l'herbe y est courte, comme un champ qui vient d'être fauché.

Nous voyons pour la première fois des Oryx. Et en grand nombre! Ces antilopes du désert n'ont presque pas besoin de boire tirant leur eau de la nourriture qu'elles ingèrent et faisant usage de multiples stratégies d'économie d'eau dont la sélection naturelle les a pourvues. Et qu'ils sont beaux ces Oryx avec les dessins géométriques sur tout le corps et leurs longues cornes pointues!
Nous voyons aussi de nombreux springboks, eux aussi bien adaptés aux conditions de sécheresse. Deux autruches passent tout près de nous un peu plus loin.





Mais le temps avance et il faut se rendre le plus tôt possible à notre camping, au Leopard Pan, si l'on veut souper avant la noirceur. C'est vraiment notre préférence car on n'a pas apporté de bois pour faire du feu et à la noirceur il y a plus de risques avec les grands prédateurs. Eux te voient et toi tu ne les vois pas...

Nous arrivons au camping à 17h45. Ce fut une bonne journée de route-piste et la fatigue s'est accumulée. On se débouche une bière et on se met rapidement au travail : installer la tente, sortir l'équipement de cuisine, préparer le souper. Nous mangeons notre excellent agneau, faisons la vaisselle et déjà il fait noir. Il est 19h30 lorsque l'on monte à la tente. Pas question de rôder autour! C'est tranquille à comparer avec la disco d'hier.



Je fais le blogue pendant qu'Hélène lit puis je passe à la lecture à mon tour. C'est donc pratique les liseuses. J'ai plus de 500 livres dans la mienne et donc l'embarras du choix pour meubler les soirées.

Je sens tout de même que le sommeil me gagnera rapidement. En prime, de beaux rêves Kalahariens.


Dimanche le 2 février

CKGR, de Leopard Pan à Passarge Pan en passant par Sunday's Pan.

Nous partons du camping de Leopard pan vers 7h45 après une excellente nuit de sommeil. Nous sommes surpris de la tranquillité qui a règnée la nuit dernière. La piste est très belle. Le sable est compacté à cause de l'humidité des derniers temps et les trous d'eaux sont petits, presque vides et parfois en train d'assécher complètement. Tant mieux! Lorsque la végétation est haute et que ne peut rien y voir, nous progressons plus rapidement soit entre 20 et 35 km/h. Lorsque la végétation est basse et que la visibilité est bonne, nous allons plus lentement, 10 à 20 km/h. Le temps de pouvoir regarder la piste attentivement et de balayer du regard de part et d'autre de la route.

Nous observons de loin et de près des dizaines d'oryx en petits groupes de 3 à 15 individus, des dizaines de springboks, plusieurs autruches, seules ou en petits groupes de 2-3 individus. Nous voyons aussi un chacal et des tout-petits steenboks qui sont si mignons avec leurs longues oreilles. On dirait de gros lièvres quand ils se sauvent. Du côté faune aviaire, on observe à souhait une dizaine de Kauri Bustards, quelques autruches et, pour la première fois, des Korhaans et un superbe Secrétaire. Un oiseau gigantesque qui ne passe pas inaperçu au milieu d'une grande prairie.






Mais on a beau se forcer et scruter attentivement tout autour avec nos jumelles, les félins se font discrets. Nous avons rencontré un camion de safari de matin et les occupants ont entrevu un léopard dans les herbes hautes qui longent le chemin que nous avons parcouru. Ce n'était pas notre tour encore on dirait.

Nous arrivons au site de camping no 1 de Passarge Pan vers 11h45. Nous prenons notre temps pour se faire un bon repas sur le charbon de bois puis on passe l'après-midi à l'ombre des gros arbres à lire, écrire ou faire de la musique. J'ai récemment recommencé l'harmonica et cela m'amuse beaucoup car l'apprentissage des pièces est très rapide.

Après le thé de 16h, nous partons faire un petit safari le long du Passarge Pan. De retour vers 17h30. Nous avons vu les mêmes types d'animaux que ce matin. Peut-être en plus grand nombre. Un troupeau de springboks comptaient quelques centaines de têtes.

Nous installons la tente, prenons un très léger goûter et allons dans la tente un peu avant 19h30 avant qu'il ne fasse trop noir. Lecture et bon dodo au programme!

Lundi le 3 février

Après une autre nuit très tranquille malgré les cris perçants d'une Effraie vers minuit, nous nous levons à la barre du jour et partons dès 6h30 pour aller à notre prochain site de camping, Passarge 3. Environ 30 minutes après notre départ, Hélène aperçoit un félin qui s’aplatit dans l'herbe haute lorsqu'il nous voit. Nous arrêtons l'auto et il se relève tout de suite. Magnifique! Un très grand et très gros guépard qui s'en va parallèlement à la piste en direction des troupeaux de springboks et d'oryx que l'on avait croisés il y a quelques minutes. Nous l'observons se déplacer, d'une démarche on ne peut plus féline n'est-ce pas, indépendant et fier. Nous reculons sur une centaine de mètres pour continuer à l'admirer! Wow! La journée ne commence pas mal du tout!





En fait toute la journée, durant les 7 heures que nous serons sur la route, nous observerons les espèces animales habituelles : springboks, oryx, quelques gnous, une dizaine de chacals, des autruches, Kori Bustards, Korhaan, vautours, etc. Mais en plus de notre guépard, nous avons vu deux nouvelles espèces pour la première fois : des hartebeasts rouges, une autre sorte de grosse antilope, et des renards à oreilles de chauve-souris (traduction libre). Ces derniers ont d'immenses oreilles. Ils étaient 3 ou 4 allongés à 100 m du chemin sous un buisson. Ils sont tellement mignons! De gros mangeurs de termites, scorpions et petits animaux,

La piste est très belle. Quelques petits trous d'eau peu profonds dans les pans mais à part cela du beau sable humide et bien compact. Les conditions parfaites pour rouler dans le CKGR.

En plus la météo est plutôt agréable. En cette saison des pluies, on a des alternances de soleil et nuages principalement ce qui maintient le mercure à un niveau raisonnable. Autour de 30 C aujourd'hui avec du bon vent. Nous voyons parfois des orages au loin mais ne les avons pas encore subis.



Nous sommes arrêtés déjeuner au site de camping Passarge 2 puis rendus à notre site pour la nuit, Passarge 3, nous avons décidé de continuer et de swatter un site qui serait libre plus loin. C'est qu'on avait une petite journée de piste aujourd'hui et une énorme demain vu qu'on n'avait pas pu obtenir un site à mi-chemin entre Passarge 1 et Piper Pan où nous serons demain soir.

Nous arrivons au site de Tau Pan no 2 vers 14h30. Ce site ne nous avait pas été offert et pourtant il est très près de celui que l'on voulait au départ (Phokoje). C'est probablement parce qu'il n'y a pas d'ombre du tout à ce site qu'il n'est plus offert. Et pourtant la vue y est magnifique. Probablement la plus belle des sites que l'on a vus depuis notre entrée dans la réserve. Nous sommes sur une petite butte et on peut d'ici admirer le paysage sur 300 degrés. Superbe! L'ombre, on s'en fout car nous avons un petit auvent après notre camion. On ajoute un drap d'un côté de l'auvent et c'est le grand confort.

Nous nous faisons un gros dîner-souper que l'on mange vers 16h. Pendant ce temps, nous avons étendu toute la literie et les matelas de la tente au soleil. Il y avait encore trop d'humidité accumulée au cours des 4-5 dernières nuits. Le vent et le soleil font un beau travail à ce chapitre!

Nous prenons une bonne douche dans l'ingénieuse installation du site de camping. Une clôture sert de salle de douche, des dalles de ciments font office de plancher et un seau de métal, au fond duquel on a fixé une pomme de douche, complète l'installation. Nous devons fournir l'eau. C'était prévu. À deux nous n'utilisons que 5 litres d'eau ce qui est loin d'handicaper notre réserve.




Nous passons le reste de l'après-midi à lire, bloguer et dans mon cas à jouer un peu de la guitare. Pas de safari de fin de journée car sept heures de piste c'était amplement suffisant aujourd'hui.

Mardi le 4 février

Comme hier, nous nous levons tôt et partons dès 6h30. Nous roulons environ 45 minutes et arrêtons au site de camping Phokoje pour y prendre notre petit déjeuner. Nous n'avons pas vu énormément de faune dans ce premier segment de route de la journée mis à part les oiseaux.

Après déjeuner on reprend la piste, toujours à environ 20 km/h en moyenne. La piste est très belle et les paysages délicieux. Le pan de Phokoje est superbe. Des petites pousses d'un vert tendre couvrent le centre du pan et semblent faire le régal des Oryx. Nous voyons quelques beaux marabous et plusieurs espèces de cigognes.



Nous arrêtons prendre une pause à une croisée de chemin. Il y a déjà une voiture et nous allons saluer les deux occupantes. Elles viennent de Suisse et sont au Botswana pour trois semaines. Ce sont les premières personnes que nous croisons en deux jours. Une quinzaine de minutes plus tard, un couple de Suisses arrive dans leur immense camion-campeur 4x4. Ils l'ont fait transporter d'Europe jusqu'à Port-Elisabeth en Afrique du Sud. Ils sont ici pour 3 mois mais reviendront deux autres fois trois mois au cours des prochaines années. Leur véhicule sera entreposé entre temps. Des gens très intéressants et forts sympathiques. Dommage qu'ils aillent dans l'autre direction car nous aurions aimé faire plus ample connaissance avec eux. Notre pause a tout de même duré près de 45 minutes.



Nous reprenons notre chemin vers Piper Pan et y arrivons 1h30 plus tard. L'immense pan est magnifique. Les Suisses y ont vu un lion. En fait on verra plus tard qu'il y a une série de plusieurs pans autour et que l'on peut en faire le tour par des pistes bien délimitées quoique parfois un peu boueuses.

Il est 13h30 et on a faim. Ulla, notre amie Allemande qui nous accompagne, décide d'aller tout de suite faire un petit safari. Elle nous indique où elle ira par sécurité. Nous préparons quant à nous un excellent repas tout en surveillant très attentivement les alentours immédiats du site de camping. C'est qu'à peine 5 minutes après le départ d'Ulla, un lion s'est mis à rugir à moins de 300 m de nous dans les buissons. Très impressionnant. C'est juste derrière les toilettes sèches et la douche. Nous allons nous abstenir de fréquenter ce lieu, c'est sûr et certain.

Ulla revient vers 15h30 et nous repartons avec elle vers 16h00 pour un safari autour du pan le plus au sud. Là aussi on s'en met plein la vue. Paysage grandiose, des dizaines d'oryx, des gnous, des autruches, des Kudus et des springboks.








Coup de malchance, Ulla choisit à tort une voie risquée avec des traces de roues remplies d'eau et elle s'enlise. Rien à faire, même avec le 4X4, les différentiels barrés et le bas régime de vitesse, les roues tournent dans le vide. Le dessous de son camion est suspendu sur terre-plein entre les deux ornières. Nous voici donc en mode «se déprendre au plus vite» de la boue car un gros orage approche et nous sommes au pays des fauves. Par chance, je peux approcher notre 4X4 assez près d'elle sur la voie qui est parallèle à la sienne et qui est sèche. Nous attachons nos deux câbles de remorquage ensemble et nous réussissons à la tirer sur une quinzaine de mètres, le temps de se sortir des trous de boue. Il y a eu plus de peur que de mal. Mais Ulla n'avait jamais vécu cette expérience et se sentait coupable d'avoir fait le mauvais choix. Cet épisode n'a heureusement duré qu'une demie-heure. Nous reprenons notre tour du pan et sommes bien contents de le terminer avant la grosse pluie car nous passons durant plusieurs kilomètres dans de profondes traces de boue séchée. On n'aurait pas voulu se prendre si loin et cela aurait été difficile, voire impossible, de tirer un véhicule à cet endroit.

 Surprise! Juste un peu avant d'arriver au site de camping, nous faisons fuir un beau guépard qui se cachait dans les buissons près d'un point d'eau. Quelle course! On se trouve chanceux d'en voir un pour la deuxième fois. Nous espérons bien réussir à voir le lion du camping mais même si on fait un peu de voiture de part et d'autre du site, rien n'y fait.

Et vers 18h30, le voilà qui rugit à nouveau tout près de nous dans les fourrés derrière la douche. Ulla qui était dehors est rentrée à toute vitesse dans son 4X4. C'était drôle car elle fait un peu moins attention que nous aux fauves habituellement se disant qu'ils ne sont pas intéressés aux humains. Mais là, ce n'est pas une vague possibilité qu'un lion soit dans les parages. Il est ici! Tout près!

Il pleut. On monte rapidement la tente durant une accalmie puis on s'installe dans l'auto et on prend une petite bière, cadeau d'Ulla pour notre dépannage. Je fais le blogue et puis nous montons lire dans la tente même s'il n'est que 19h. Avec le pluie et le lion, on n'a pas le goût de veiller tard dehors ce soir et l'auto, on a déjà donné pas mal aujourd'hui. Vers 19h30, le lion rugit à nouveau, tout près. Et voici qu'un autre lion lui répond. Non! Deux lions lui répondent! Ils sont ensemble, juste à quelques centaines de mètres du premier. Est-ce qu'il y a un combat en vue? Les verrons-nous sortir des fourrés et passer sur notre site?

La noirceur s'installe et les lions continuent leur concert. Ils rugissent 20 à 25 fois de suite à toutes les demie-heures environ. Et puis, nous n'entendons que les rugissements des lions les plus loin. Notre lion voisin se tait. Et vers 22h, tout s'arrête. On a bien un petit concert de renards ou de chacals mais les lions c'est terminé. Le silence complet s'installe et durera toute la nuit.

Mercredi le 5 février

Nous nous levons dès que les ténèbres commencent à s'estomper et partons à 6h20 de notre site. Afin d'essayer de voir nos lions, nous allons faire un petit tour dans le pan avant de prendre la piste qui nous mènera à Xade à 80 km plus au Sud. Mais comme il a plu très fort cette nuit, la piste qui passe dans le pan juste au Nord de notre site est boueuse et ultra glissante. On dirait qu'on roule sur du savon. Je choisis les trous où je passe avec soin et me donne une bonne vitesse pour les traverser sans rester pris. Mais Ulla fait encore un mauvais choix et réussit à se prendre une autre fois. Elle n'allait pas assez vite et malgré le fait que les ornières de boue soient peu profondes, elle a du arrêter. Et là ce n'est plus possible de repartir car les quatre roues virent dans le beurre à l'unisson. Du vrai savon qu'on disait!
Par chance, je peux m'approcher suffisamment d'elle pour la remorquer. En moins de 20 minutes l'affaire est réglée.




Toujours pas de lion en vue! Ils sont probablement dans les buissons qui bordent le pan. Au diable! On quitte cette portion de piste boueuse et on s'aventure vers le Sud. Mais là aussi, à chaque fois qu'on arrive à un pan, l'eau s'est accumulée durant la nuit et les conditions sont précaires. Une fois je dois rouler à toute allure (25 km/h!) pour passer une longue section boueuse. Ulla n'a pas envie de passer cela. Je prend donc sa place et quelques minutes plus tard nous reprenons notre piste sablonneuse. La pluie tombée cette nuit nous aide pour les parties sablonneuses car le sable est très humide et soutient bien mieux nos voitures que s'il était sec. Nous roulons très bien dans les roulières de 15 à 30 cm de profondeur la majorité du temps.

Nous voyons peu d'animaux car les fourrés sont épais sur la majorité du parcours. Parfois, on passe par un petit pan et on voit quelques Oryx, Springboks ou Hartebeast rouges. De temps à autre sur le bord de la piste, un petit Steenbok.



Mais pour les oiseaux nous sommes gâtés. En partant du camping ce matin, ces centaines de buses noires perchées tout autour. Puis un peu plus tard, des dizaines de crécerelles qui sans doute se nourrissent des sauterelles géantes ou locustes qui abondent. En arrivant dans un pan, au moins deux cents Marabous qui flânent un peu partout dans l'herbe. Nous y prenons notre petit-déjeuner. Plusieurs aigles gigantesques, buses, busards, milans, vautours s'envolent à la dernière seconde lors de notre passage. Les rapaces abondent au Kalahari. Notre guide y consacre plus de 35 pages! Régulièrement, nous levons des perdrix des sables. Les gros herbivores se font rares. De temps à autre on en voit un dans une éclaircie. Ils sont là. Les nombreuses traces d'animaux sur le sable de notre piste nous en donnent la preuve. Mais dans la savane, ils sont dispersés.

À environ 20 kilomètres au Sud de Piper Pan, nous arrivons à un endroit un peu plus bas où il faut négocier les trous d'eau. Cela requiert toute notre attention. Soudainement après un détour autour d'un gros buisson, on arrive face à face avec....Deux lions! Youpi! Un beau gros mâle et une belle femelle. Le mâle arbore la crinière noire typique des lions du Kalahari. Superbes et majestueux. Ils sont couchés au milieu de la piste à 7-8 m devant nous. Nos vitres sont baissées. Je sors la caméra et filme. Les lions se lèvent lentement et s'en vont lentement du côté d'Hélène, dans les fourrés. Ils nous quittent ensuite sans nous consacrer un regard de plus. J'ai beau faire des sons, rien n'y fait. Indépendants, ils nous tournent définitivement le dos, comme insultés de s'être fait déranger durant une petite sieste en amoureux. Toute une expérience! Et totalement imprévisible! Ce sont peut-être les derniers lions que l'on verra au Botswana.



Nous arrivons à la barrière de Xade vers 11h30. La dernière partie s'est faite plus rapidement car la planche à laver était recouverte de sable amené sur la piste par la pluie et le vent. Tant mieux on roule à 30-35 km/h. Quelle vitesse! Plus vite serait dangereux car il y a pas mal de dos d'ânes et les profondes ornières nous charrient de part et d'autre à tout moment.

Le camping réservé à la barrière de Xade est très joli. Notre site est isolé et on a une grande plaine à perte de vue comme panorama sur trois côtés. Il y a un vrai bloc sanitaire avec des douches à l'eau chaude. Nous décidons qu'on reste ici pour la nuit, tel que prévu initialement. On avait envisagé de se rendre à Ghanzi dès aujourd'hui mais rien de presse et se taper encore trois heures de route de sable et de gravier cet après-midi ne nous tente guère. À la guérite, nous consultons les registres d'entrée et de sortie. Le dernier véhicule qui est entré par ici l'a fait il y a 10 jours. Le dernier véhicule qui est sorti par cette barrière l'a fait il y a une semaine. Donc, quand tu es en panne dans la section entre Xade et Piper Pan, il se peut que tu attendes longtemps si tu n'as pas de téléphone satellite.





Nous faisons nos ablutions puis on se prépare un bon repas. Le ciel est nuageux et il y a eu quelques courts orages ce matin. Mais la température est agréable. L'après-midi se passe ensuite à relaxer. En fin d'après-midi, nous allons faire un petit tour à 5 km d'ici sur la route qui mène à New-Xade. Il y a quelques prairies herbeuses et un point d'eau. Mais comme il a plu très fort cet après-midi, il y a de l'eau partout et les animaux se contentent de brouter le bon foin vert et humide à souhaits. Dans les premières quinze minutes, nous voyons deux magnifiques Hartebeast rouge, une vingtaine d'Oryx, un gnou, quelques Kori Bustards et trois autruches. Pas mal pour une ballade d'une si courte durée.



De retour au site de camping Xade 05, nous dressons la tente entre deux averses. Peu après le soleil perce au travers des nuages. On aura un petit répit de pluie avant de monter se coucher. Ce soir on pourra rêver à la piste de sable, aux segments de boues, à l'enlisement d'Ulla, aux centaines de gros marabous dans la petite prairie verte et surtout à notre beau couple de lions que l'on a surpris au beau milieu du chemin.

Jeudi le 6 février

Après un très bonne nuit sans pluie, nous nous levons un peu avant 6h. Soudainement, au loin, peut-être à un ou deux kilomètres, un lion rugit en saluant le lever du jour. Il recommence au bout d'un quart d'heure et un autre lion, plus loin encore, lui répond. Peut-être deux même. Et cela se reproduit quatre ou cinq fois avant notre départ vers 6h45. Nous prenons la piste sablonneuse et sommes surpris car les conditions sont moins bonnes que ce que l'on avait connu. Un foule de dos d'ânes, des centaines de mini-courbes qui nous charrient sans arrêt de gauche à droite et de droite à gauche, de la planche à laver et quelques trous d'eau. Cela dure deux heures avant qu'on arrive à New Xade, le village créé de toute pièce lorsque le Gouvernement a évincé le peuple San du Kalahari dans les années 1960-70. Nous roulions à 35 km/h ce matin. Pas si mal malgré tout. Nous faisons le tour du village en 10 minutes puis repartons par une route de sable dur relativement potable.



Celle-ci donne sur une autre route de sable-gravier épouvantable et finalement on arrive sur la route goudronnée à 10 km de Ghanzi. Trois heures et demie pour faire 200 km.

Nous voici donc sortis du Kalahari après six merveilleuses journées de brousse. Près de 600 km de pistes et de mauvaises routes. Une expérience inoubliable à tous points de vue : Paysages, nature sauvage, grands herbivores, prédateurs, oiseaux, sites de campings, pistes de sables, pistes boueuses, pistes noyées, etc. Nous étions bien préparés et avec deux véhicules, c'était bien plus sûr. Nous avions aussi tout l'équipement pour se sortir du pétrin et au besoin, nous aurions pu nous servir du téléphone satellite pour appeler de l'aide. Nous avions plusieurs numéros d'urgence avec nous.

Nous voici donc à Ghanzi, petite ville de 65 000 habitants qui dessert les environs. Nous allons tout de suite visiter le centre d'art San tenu par une coopérative. On y trouve des bijoux fait à partir de coquilles d'oeufs d'autruches, des arcs et flèches, des cartes peintes avec du sable, des paniers et assiettes de pailles magnifiques et quelques sculptures. Le tout à prix très modique. Nous achetons quelques babioles puis allons essayer de trouver un accès Internet. Pas de chance. Il n'y a pas de café Internet et le bureau de poste ne semble pas avoir d'accès non plus. On verra plus tard pour cela.

Nous traversons la rue et allons faire des courses au supermarché. Juste assez pour ce soir et demain matin car nous traverserons en Namibie demain et il est illégal d'y apporter viande, fruits, produits laitiers et légumes.

Nous allons ensuite à notre camping au Tautona Lodge juste au Nord de la ville. Le site est splendide : beaux chalets, jolies tentes-cabines et super site pour le camping. Nous sommes seuls avec Ulla qui nous rejoindra un peu plus tard.

Il pleut et on se met donc à l'abri sous une grande palapa adjacente au bloc sanitaire. Le grand luxe! Nous y installons notre table et Hélène nous prépare un repas exquis qui fera office de diner-souper.

On aurait besoin de faire un peu de lessive mais même quand la pluie cesse, c'est tellement humide que rien ne pourrait sécher. On va donc bretter et se reposer après le repas puis on verra si on a le courage de retourner dans Ghanzi à la recherche d'une connexion Internet.

Et non, nous n'avons pas le goût de retourner dans Ghanzi à 5 km d'ici alors qu'on est loin d'être certains de trouver un accès Internet.

Il pleut. Pas très fort mais tout le temps depuis onze heures ce matin. Une accalmie vers 18h nous permet d'aller marcher sur le terrain du Lodge. Il y a des ongulés sur cet immense domaine mais aussi, dans des enclos, des lycaons et deux lions. Nous marchons environ 2 km pour se rendre aux enclos. Les animaux nous font pitié. Dire qu'on peut en voir en nature et que ceux-ci, capturés dans le Kalahari , sont en prison depuis onze ans pour le plaisir des touristes qui ne veulent pas se donner la peine d'aller en pleine nature.

La pluie repend après notre arrivée au site de camping. Nous montons dans la tente vers 20h pour lire en attendant de tomber dans les bras de Morphée.

Vendredi le 7 février

Nous partons tout de suite après le petit-déjeuner. Il a plu toute la nuit et le temps est complètement bouché. Ça l'air parti pour longtemps. Nous nous concertons et décidons d'oublier la visite à D'Kar à 35 km plus au Nord et de filer directement vers l'Ouest, en Namibie. À 600 km de route d'ici, il se pourrait qu'il fasse plus beau. De toute manière, on ne fait que devancer quelque peu les plans.

Nous roulons à 100 km/h. Pas plus car le volant vibre. Il y a certainement du sable et de la boue dans les roues. Il faudra enlever ça dès que possible. Nous passons la frontière Botswana-Namibie très rapidement, en moins de 30 minutes. On arrête quinze minutes à une station service pour faire laver les roues. Cela ne règle pas totalement le problème mais plus tard je termine le travail avec le compresseur à air du camion et enfin on peut rouler au dessus de 100 km/h.

Puis nous filons jusqu'à Gobabis la première ville rencontrée en Namibie. C'est la capitale de la viande et le centre de service régional Kalahari-Namibie. Une jolie petite ville avec un centre-ville moderne. Nous y faisons quelques courses, changeons de Pulas pour des dollars Namibiens et remplissons un réservoir de propane. Nous roulons ensuite sans arrêt jusqu'à la capitale du pays, Windhoek. Nous prenons un camping dans un gîte pour Backpackers. On fait de la lessive et on fait par la même occasion sécher tout notre matériel humide : sacs à dos, matelas, bottes, vêtements, etc. C'était vraiment dû car on voit des traces de moisissures sur le cuir. Juste à temps! On fera plus attention si on se fait reprendre par plusieurs jours de pluie ou d'humidité d'affilée.

Nous faisons notre souper à côté du véhicule dans la petite place que nous nous sommes aménagée. Puis on va au bar pour faire un peu d'Internet, le blogue, etc. Mais, il n'y a pas assez de connexions possibles sur le wifi. On a vu cela à quelques reprises au Botswana. Tu es branché wi-fi mais n'a jamais l'accès Internet. Donc on sèche! On se réessaiera demain matin très tôt pendant que la jeunesse dormira. Il doit y avoir au moins 60 jeunes backpackers au gite. Le soir, ils convergent tous au bar. C'est de leur âge.

Nous on se couche vers 22h, avec les bouchons dans les oreilles. Il faut ce qu'il faut!






1 commentaire:

  1. Bonjour Hélène et Jean,
    Toute une expérience! Grandiose l'Afrique et assez dépaysant merci. Je ne suis pas certain que je serais capable de m'aventurer sur ce territoire aussi je suis très heureux de profiter de ces excellents textes et magnifiques photos. Marie et moi nous réjouissons pour vous de ce grand bonheur.
    Soyez prudents et à bientôt.

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