Jeudi le 27 février
De Clanwilliams à Dwartsrivier dans
les Cederberg
Après le petit-déjeuner, nous allons
à l'information touristique de Clanwilliams où nous sommes très
bien accueillis et où nous obtenons les renseignements nécessaires
pour les trois prochains jours. Nous pouvons aussi y lire des
panneaux d'interprétation sur la culture du Rooibos, le thé rouge
sans caféine ni théine que l'on ne cultive que dans cette région
et nulle part ailleurs au monde.
Nous allons ensuite chez un détaillant
de pneus pour faire réparer la crevaison d'hier mais aussi un autre
pneu qui était plutôt mou ce matin et que j'ai dû regonfler. Ils
sont durs les chemins de graviers du Cederberg! Mauvaise nouvelle,
le pneu d'hier est fini, il a été fendu sur près de 4 cm par une
grosse roche coupante et même les fils d'acier sont coupés.
Irréparable! Le nouveau pneu coûte 160$... L'autre pneu trouvé
presqu'à plat ce matin est réparable. Il y avait une belle vis
dedans.
Ensuite nous allons au salon de thé
Rooibos. La gentille propriétaire nous explique en long et en large
les différences entre les marques et les saveurs. Ensuite nous
dégustons chacun un breuvage sur la terrasse. Pendant qu'Hélène
savoure un Rooibos Expresso, moi je déguste un Rooibos glacé au
citron.
Hélène achète ensuite un paquet de
Rooibos au Cassis puis nous allons faire quelques courses au
surpermarché en prévision de nos prochaines randonnées.
Nous prenons ensuite une route de
gravier sur une cinquantaine de kilomètres qui nous fait passer
directement au travers des montagnes et notamment par un col
magnifique qui donne presque le vertige. La route est très
mauvaise. De la planche à laver à revendre. Heureusement, ce
n'est pas trop long et le paysage est tellement beau. Le fait
d'aller si lentement nous donne le temps d'admirer.
Vers 13h nous arrivons à Dwartsrivier
Farm, une propriété privé au cœur de la réserve Cederberg, une
réserve naturelle en milieu privé. La réception est fermée pour
l'heure du diner et on s'en va donc directement au camping où on se
fait un bon lunch. Ensuite nous retournons à la ferme pour prendre
les informations sur les randonnées, acheter nos droits d'accès et
payer nos sites de camping pour ce soir et demain soir. Nous
visitons ensuite le cellier. Le propriétaire fait du vin depuis
1974 et depuis une douzaine d'années gagne année après année des
prix pour ses vins. Les sols sont bons et la température est idéale
pour plusieurs cépages. Nous sommes à 1000 m d'altitude et en
moyenne il fait 10 degrés de moins ici qu'à Clanwilliams. Nous
goûtons donc des blancs (Sauvignon blanc, chenin blanc et autres,
rosé et rouges (cabernet-sauvignon, merlot-Cabernet et Shiraz).
Franchement, ils nous plaisent tous! Pas tous à la même hauteur
mais néanmoins on distingue la qualité! Cela explique probablement
les prix gagnés ainsi que les prix de vente plus élevés. Nous
nous faisons plaisir et achetons deux bouteilles pour déguster avec
un bon repas au cours des prochains jours.
De retour au camping, nous prenons un
petit sentier qui nous mène à de petites piscines naturelles, en
fait, des élargissements de la petite rivière qui coule près du
camping. L'eau est limpide et bien fraîche. On s'y baigne une
quinzaine de minutes puis on revient au camping pour une bonne
douche, jouer de la guitare, préparer le souper, et le savourer.
Nous soupons vers 19h au vent et à
l'ombre de grands arbres. La température est idéale ce soir. Ni
trop chaud ni trop frais. Vers 20h30, nous montons nous coucher car
on se lève à 5h30 demain matin pour aller randonner avant qu'il ne
fasse trop chaud.
Vendredi le 28 février
Réserve naturelle Cederberg, La Croix
de Malte
Lever à 5h30. Dès 6h45 nous avons
déjeuner et défait la tente puis nous partons pour aller faire
notre randonnée dans la réserve naturelle Cederberg qui est un site
du patrimoine mondial non seulement pour ses formations rocheuses
mais aussi pour sa multitudes de plantes à fleurs, la plupart
endémiques à l'Afrique du Sud voire à la Réserve elle-même.
Nous prenons un petit chemin de gravier
qui nous mène à l'observatoire astronomique de Cederberg et à la
barrière dont nous avons le code car il faut un permis pour venir
randonner ici.
Nous roulons ensuite environ cinq kilomètres et
passons de 800 m à 1000 m en altitude. Nous stationnons la voiture
et prenons ensuite un sentier qui nous mènera à la Croix de Malte à
4,5 km plus loin avec un dénivelé de 400 m. Déjà au
stationnement le spectacle des rochers aux formes étonnantes nous
impressionne. Mais ce n'est qu'un apéritif. Le sentier grimpe
gentiment parmi une végétation qui surprend à chaque détour. Des
centaines d'espèces de plantes et d'arbustes qui nous sont inconnus.
La plupart à fleurs. Certains arbustes portent de grosses fleurs
séchées puisque la saison principale de floraison est le mois
d'août. Mais plusieurs plantes sont en pleine floraison et
agrémentent notre randonnée par leurs couleurs ainsi que par leurs
parfums. Le temps est nuageux et il a plu un peu ce matin en
montagne. Les odeurs sont omniprésentes : Bruyères, épices,
encens. Que cela sent bon!
Nous étions prêts pour la canicule mais c'est très nuageux ce matin. De plus en plus nuageux et bientôt des orages électriques se manifestent sur les montagnes environnantes. Nous pensons d'abord à la Loi de Murphy car il ne pleut presque jamais en cette saison et voici qu'il pleut alors que nous faisons cette randonnée renommée! Mais nous changeons vite d'idée. On a bien eu à se mettre à l'abri deux ou trois fois sous des escarpements ou des surplombs mais les orages passaient très vite. Et le résultat c'est qu'il fait frais. Peut-être 23-24 degrés. Des conditions parfaites pour la montée.
Nous étions prêts pour la canicule mais c'est très nuageux ce matin. De plus en plus nuageux et bientôt des orages électriques se manifestent sur les montagnes environnantes. Nous pensons d'abord à la Loi de Murphy car il ne pleut presque jamais en cette saison et voici qu'il pleut alors que nous faisons cette randonnée renommée! Mais nous changeons vite d'idée. On a bien eu à se mettre à l'abri deux ou trois fois sous des escarpements ou des surplombs mais les orages passaient très vite. Et le résultat c'est qu'il fait frais. Peut-être 23-24 degrés. Des conditions parfaites pour la montée.
En cours de route, les sculptures
rocheuses nous étonnent plus les unes que les autres. Et les
couleurs! Et les fleurs! Et les nuages qui, à un moment donné,
forment deux gros yeux qui nous regardent.
Au bout de deux heures environ, nous
arrivons au sommet de la montagne, sur un plateau verdoyant. Mais ce
que l'on remarque en premier c'est cet immense monolithe, vaguement
en forme de croix,qui nous accueille sur ces hauteurs. C'est
gigantesque! Nous avions vu des photos mais ne pensions pas que
c'était si imposant. Nous nous approchons pendant 500 m en prenant
une photo au 10 m tant cela nous impressionne. Dans la vallée tout
en bas, il pleut et il tonne. La foudre n'arrête pas de tomber.
Nous sommes au bon endroit au bon moment! Le soleil apparaît et on
fait le tour de ce joyaux de la Nature en prenant tout notre temps.
Pas un chat en vue! La Croix est pour nous tout seuls! Autour
d'autres formations rocheuses tout à fait exceptionnelles palissent
à l'ombre de la Malteese Cross. Dans quelques milliers d'années
quand celle-ci sera tombée, ce sera peut-être leur tour.
Nous prenons une collation sur place
puis redescendons lentement en découvrant le paysage d'un autre
point de vue. Nous rencontrons un couple de marcheurs à mi-pente
ainsi qu'un autre couple à la barrière. Je crois que cela tout le
tourisme pour ce sentier aujourd'hui. On a pris notre temps pour
descendre et ne pas se blesser. Nous sommes aussi arrêtés quelques
minutes pour prendre une collation.
Il est midi lorsque nous sortons de la
petite route menant au sentier. Nous nous rendons alors à notre
nouveau site de camping pour ce soir situé à cinq kilomètres de
là. Nous serions bien restés au même camping que la nuit dernière
mais un groupe religieux de 40 personnes avait réservé l'ensemble
du camping pour ce soir.
Mais le nouveau site est très bien
aussi. Plus petit, seulement dix sites qui sont tous situés sous
d'immenses chênes et avec vue sur les montagnes du Cederberg. Nous
nous installons puis commençons par prendre une bonne douche. Après
4 heures d'exercice, c'est une récompense!
Nous faisons ensuite un feu et y
ajoutons quelques briquettes de charbon de bois en vue de notre repas
d'après-midi. On fait une grosse lessive car le temps se dégage et
le linge devrait pouvoir sécher en quelques heures. Puis nous
ouvrons une bouteille de Cederberg Cabernet-Sauvignon acheté hier et
la dégutons en prenant notre repas typiquement Sud-Africain :
de la saucisse qu'on achète en long rouleau. Le vin était bien
meilleur que la saucisse mais enfin...
Ensuite une petite sieste s'impose.
Pour se reposer de la randonnée et peut-être aussi pour cuver notre
petite bouteille de vin.
Vers 17h, c'est le temps du blogue, de
la guitare et pour Hélène, du dessin. Nous préparons ensuite
notre collation pour la randonnée de demain et montons nous coucher
avec la venue de la noirceur.
Samedi le premier mars
Cederberg
Il a fait frais cette nuit. Peut-être
quinze degrés avec du vent. Nous avons très bien dormi mais on a
eu besoin du sac de couchage aussitôt au lit. Ce matin il fait
encore frais et tous les nuages sont disparus. Ce sera une très
belle journée pour la randonnée en montagne.
Nous déjeunons, préparons les sacs à
dos et quittons le camping vers 7h. Nous sommes rendus au début du
sentier The Wolfberg Cracks quelques minutes plus tard et commençons
notre ascension à 7h20. Nous nous trouvons à grimper sur le flanc
opposé (Est) à celui d'hier (Ouest) où nous avons vu la Croix de
Malte. Le sentier est beacoup plus à pic. On grimpera de 500 m
dans moins de 2 km. La vue sur la vallée est saisissante et le
soleil levant éclaire justement bien le versant Ouest des Cederberg.
Lorsqu'on regarde tout en haut, on devine les immenses failles
verticales, les Cracks, qui partent du sommet et descendent d'environ
75-100m. Nous arrivons au pied de ces failles après 75 minutes en
montant d'un bon pas. Le cœur pompe et les poumons ne sont pas en
reste. Rendus au pied des failles, nous avons deux choix, la Narrow
Crack et la Wide Crack. Nous choisissons de monter par la plus
étroite et de redescendre par l'autre, plus facile.
Au tout début de la Narrow Crack, il
faut passer par un petit tunnel sous de grosses roches, puis longer
la falaise sur une étroite corniche qui donne sur le vide. Pas de
chaines pour se tenir. C'est entièrement naturel et aux risques et
périls des randonneurs. Nous n'avons pas le vertige heureusement et
il y a beaucoup de prises sur la muraille pour toujours s'agripper.
Une fois ces 200 premiers mètres parcourus nous arrivons vraiment à
la faille étroite. Elle est magnifique! Cela nous rappelle le Maze
dans le parc National de Canyonlands aux USA mais le contexte de
montagne rend ce passage unique. Après quelques petites acrobaties,
nous arrivons à un élargissement qui nous éblouit. Au centre de
la faille trônent deux immenses arches dans le sens de la faille.
Ils se partagent le pillier du centre. Dur à expliquer et
impossible à photographier entièrement avec notre caméra. On a
jamais vu cela des arches dans une faille et on se demande si cela
existe ailleurs. Les arches sont éclairés par la bande étroite de
ciel qu'on voit tout en haut de la faille. Wow!
Nous prenons ensuite l'une des deux
failles jumelles qui montent tout en haut de la montagne. Celle de
gauche. Mais on arrive à une immense roche qui bloque le passage.
Je monte dessus péniblement et voit que de l'autre côté, plus loin
dans la faille c'est pire. On rebrousse donc chemin et on va prendre
l'autre faille jumelle. Mais celle-là est encore plus bloquée par
des centaines de blocs tombés des parois. Alors là, on s'assoie et
on lit attentivement la description des lieux au verso de la petite
carte qu'on nous a donné et sur celle, plus complète qu'on a
achetée. C'est ce qu'on aurait dû faire au départ car il nous
faut retourner dans la faille jumelle de gauche. C'est là que ça
passe avec de «l'huile de coude» indiquent-ils dans le texte.
Et nous voilà en train de monter sur
le gros bloc. Il faut mettre les pieds sur un côté de la paroi et
le dos sur l'autre, monter 3 m puis s'agripper à la paroi de droite
et de là monter comme on peut sur le gros bloc. Je le fais pour la
seconde fois et Hélène bénéficie d'un peu d'aide de ma part pour
la tirer vers le haut. Et rendu là, cela semble bloqué encore mais
il faut alors se coucher sur le dos et ramper sous la prochaine
grosse roche pour remonter dans le fond de la faille qui alors
devient plus praticable.
C'est à cet endroit qu'on rencontre un
groupe de 40 personnes, ceux qui campent au site de notre premier
soir. Des adultes et des enfants. Ils sont montés par la faille
large et redescendent par la faille étroite. Nous leur cédons le
passage car ce n'est pas possible de croiser tous ces gens dans la
faille qui est trop étroite. Nous finissons ensuite notre ascension
en une quinzaine de minutes. Au total cela nous a pris environ deux
heures incluant pause, erreur de faille et attente pour le groupe.
Nous prenons une petite collation tout en haut de la montagne avant
de redescendre par la faille large. La vue est aussi très belle en
descendant. Et lorsque qu'on débouche de la faille large, nous
revoyons le groupe au sortir de la faille étroite. Ils passent
justement sur la corniche étroite. Certains parents doivent
s'inquiéter pour les jeunes enfants. Nous redescendons ensuite le
sentier sinueux pour se rendre au stationnement tout en bas de la
montagne.
Il est 11h30 et nous décidons d'aller
prendre notre goûter au site de Stadsaal où on peut voir des
peintures rupestres d'éléphants et des grottes qui sortent de
l'ordinaire. Cela nous prend environ 20 minutes de voiture pour s'y
rendre. On visite d'abord le site des peintures rupestres faites par
les SAN il y a quelques siècles ou quelques millénaires. Nul ne
sait au juste. Ils sont très jolis ces dessins d'éléphants et
d'hommes en ochre. Puis on s'assoie en admirant le paysage et en
dégustant notre lunch.
Après s'être rassasiés nous faisons
deux petits kilomètres en camion et arrivons au site des grottes.
Ce n'est pas cela qu'on imaginait du tout. Et on en a vu des grottes
de toutes sortes dans bien des pays. C'est qu'on adore cela les
grottes!
Celles-ci sont hors-terre. En fait,
elles sont creusées dans d'immenses rochers disposés sur une petite
colline. Plusieurs sentiers font le tour des rochers et à chaque
détour, de part et d'autres, on voit des grottes encadrées ou
soutenus par des pilliers sous les rochers ou plutôt au beau milieu
de ceux-ci. Quel beau décor pour le cinéma! Dans l'une des
grottes, des signatures datant de la fin du dix-neuvième siècle.
La première génération de colons blancs à s'installer dans ces
contrées.
Et tout autour de la colline, le
paysage ne peut laisser personne indifférent. À un endroit, on a
l'impression d'avoir perdu l'équilibre. Tout est penché et notre
corps se demande s'il est à la verticale. Résultat d'un
affaissement de la vallée un peu plus loin. Les states sont
inclinés vers le bas de la vallée et les pitons qui furent sculptés
au fil des millénaires suivent la même pente. Déconcertant et
dépaysant!
Après ce superbe voyage au pays
magique de Stadsaal, nous allons réserver notre site de camping pour
ce soir, le même qu'hier et on se rachète un petit
Cabernet-Sauvignon Cederberg qu'on a trouvé très bon hier soir.
Puis on va au camping de Sandriff où nous avions passé la première
nuit pour y rencontrer nos ex-voisins de sites, des Sud-Africains qui
vivent à Ceres à environ 150 km au Sud. Nous avions jasés avec
eux, puis on les a rencontrés à nouveau aujourd'hui dans la
montagne. Ils étaient avec le groupe de 40 personnes. Des gens
bien sympathiques qui nous ont offert de nous indiquer différents
endroits à visiter durant le reste de nos séjours en Afrique du
Sud. Cinq ou six autres personnes se joignent à nous autour des
cartes et chacun y va de ses suggestions. Les échanges sur le
Canada, ce qu'on fait, ce qu'on aime de l'Afrique du Sud, etc. se
poursuivent en parallèle. Des gens charmants, intéressants et
intéressés. Nous discutons aussi un peu de politique et
d'économie, des sujets délicats qu'ils abordent sans détour. Nous
les quittons vers 15h30, enchantés de cette rencontre, pour nous
rendre à notre site situé à cinq kilomètres de là.
Après une bonne douche et un peu de
lessive, nous prenons une bonne bière en se remémorant la journée.
Un peu plus tard, on se fait un bon souper accompagné d'un très
bon Merlot-Shiraz Cedarberg mais qui ne peut détrôner son confrère
Cabernet-Sauvignon selon notre goût.
On installe la tente vers 19h puis
après un peu de guitare, c'est l'heure de monter se coucher. Un peu
de lecture et le sommeil viendra certainement facilement après cette
belle journée bien remplie.
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