dimanche 2 mars 2014

De Clanwilliams à Dwartsrivier dans les Cederberg

Jeudi le 27 février

De Clanwilliams à Dwartsrivier dans les Cederberg

Après le petit-déjeuner, nous allons à l'information touristique de Clanwilliams où nous sommes très bien accueillis et où nous obtenons les renseignements nécessaires pour les trois prochains jours. Nous pouvons aussi y lire des panneaux d'interprétation sur la culture du Rooibos, le thé rouge sans caféine ni théine que l'on ne cultive que dans cette région et nulle part ailleurs au monde.

Nous allons ensuite chez un détaillant de pneus pour faire réparer la crevaison d'hier mais aussi un autre pneu qui était plutôt mou ce matin et que j'ai dû regonfler. Ils sont durs les chemins de graviers du Cederberg! Mauvaise nouvelle, le pneu d'hier est fini, il a été fendu sur près de 4 cm par une grosse roche coupante et même les fils d'acier sont coupés. Irréparable! Le nouveau pneu coûte 160$... L'autre pneu trouvé presqu'à plat ce matin est réparable. Il y avait une belle vis dedans.

Ensuite nous allons au salon de thé Rooibos. La gentille propriétaire nous explique en long et en large les différences entre les marques et les saveurs. Ensuite nous dégustons chacun un breuvage sur la terrasse. Pendant qu'Hélène savoure un Rooibos Expresso, moi je déguste un Rooibos glacé au citron.
Hélène achète ensuite un paquet de Rooibos au Cassis puis nous allons faire quelques courses au surpermarché en prévision de nos prochaines randonnées.




Nous prenons ensuite une route de gravier sur une cinquantaine de kilomètres qui nous fait passer directement au travers des montagnes et notamment par un col magnifique qui donne presque le vertige. La route est très mauvaise. De la planche à laver à revendre. Heureusement, ce n'est pas trop long et le paysage est tellement beau. Le fait d'aller si lentement nous donne le temps d'admirer.

Vers 13h nous arrivons à Dwartsrivier Farm, une propriété privé au cœur de la réserve Cederberg, une réserve naturelle en milieu privé. La réception est fermée pour l'heure du diner et on s'en va donc directement au camping où on se fait un bon lunch. Ensuite nous retournons à la ferme pour prendre les informations sur les randonnées, acheter nos droits d'accès et payer nos sites de camping pour ce soir et demain soir. Nous visitons ensuite le cellier. Le propriétaire fait du vin depuis 1974 et depuis une douzaine d'années gagne année après année des prix pour ses vins. Les sols sont bons et la température est idéale pour plusieurs cépages. Nous sommes à 1000 m d'altitude et en moyenne il fait 10 degrés de moins ici qu'à Clanwilliams. Nous goûtons donc des blancs (Sauvignon blanc, chenin blanc et autres, rosé et rouges (cabernet-sauvignon, merlot-Cabernet et Shiraz). Franchement, ils nous plaisent tous! Pas tous à la même hauteur mais néanmoins on distingue la qualité! Cela explique probablement les prix gagnés ainsi que les prix de vente plus élevés. Nous nous faisons plaisir et achetons deux bouteilles pour déguster avec un bon repas au cours des prochains jours.







De retour au camping, nous prenons un petit sentier qui nous mène à de petites piscines naturelles, en fait, des élargissements de la petite rivière qui coule près du camping. L'eau est limpide et bien fraîche. On s'y baigne une quinzaine de minutes puis on revient au camping pour une bonne douche, jouer de la guitare, préparer le souper, et le savourer.




Nous soupons vers 19h au vent et à l'ombre de grands arbres. La température est idéale ce soir. Ni trop chaud ni trop frais. Vers 20h30, nous montons nous coucher car on se lève à 5h30 demain matin pour aller randonner avant qu'il ne fasse trop chaud.




Vendredi le 28 février

Réserve naturelle Cederberg, La Croix de Malte

Lever à 5h30. Dès 6h45 nous avons déjeuner et défait la tente puis nous partons pour aller faire notre randonnée dans la réserve naturelle Cederberg qui est un site du patrimoine mondial non seulement pour ses formations rocheuses mais aussi pour sa multitudes de plantes à fleurs, la plupart endémiques à l'Afrique du Sud voire à la Réserve elle-même.

Nous prenons un petit chemin de gravier qui nous mène à l'observatoire astronomique de Cederberg et à la barrière dont nous avons le code car il faut un permis pour venir randonner ici.


Nous roulons ensuite environ cinq kilomètres et passons de 800 m à 1000 m en altitude. Nous stationnons la voiture et prenons ensuite un sentier qui nous mènera à la Croix de Malte à 4,5 km plus loin avec un dénivelé de 400 m. Déjà au stationnement le spectacle des rochers aux formes étonnantes nous impressionne. Mais ce n'est qu'un apéritif. Le sentier grimpe gentiment parmi une végétation qui surprend à chaque détour. Des centaines d'espèces de plantes et d'arbustes qui nous sont inconnus. La plupart à fleurs. Certains arbustes portent de grosses fleurs séchées puisque la saison principale de floraison est le mois d'août. Mais plusieurs plantes sont en pleine floraison et agrémentent notre randonnée par leurs couleurs ainsi que par leurs parfums. Le temps est nuageux et il a plu un peu ce matin en montagne. Les odeurs sont omniprésentes : Bruyères, épices, encens. Que cela sent bon!





 Nous étions prêts pour la canicule mais c'est très nuageux ce matin. De plus en plus nuageux et bientôt des orages électriques se manifestent sur les montagnes environnantes. Nous pensons d'abord à la Loi de Murphy car il ne pleut presque jamais en cette saison et voici qu'il pleut alors que nous faisons cette randonnée renommée! Mais nous changeons vite d'idée. On a bien eu à se mettre à l'abri deux ou trois fois sous des escarpements ou des surplombs mais les orages passaient très vite. Et le résultat c'est qu'il fait frais. Peut-être 23-24 degrés. Des conditions parfaites pour la montée.







En cours de route, les sculptures rocheuses nous étonnent plus les unes que les autres. Et les couleurs! Et les fleurs! Et les nuages qui, à un moment donné, forment deux gros yeux qui nous regardent.




Au bout de deux heures environ, nous arrivons au sommet de la montagne, sur un plateau verdoyant. Mais ce que l'on remarque en premier c'est cet immense monolithe, vaguement en forme de croix,qui nous accueille sur ces hauteurs. C'est gigantesque! Nous avions vu des photos mais ne pensions pas que c'était si imposant. Nous nous approchons pendant 500 m en prenant une photo au 10 m tant cela nous impressionne. Dans la vallée tout en bas, il pleut et il tonne. La foudre n'arrête pas de tomber. Nous sommes au bon endroit au bon moment! Le soleil apparaît et on fait le tour de ce joyaux de la Nature en prenant tout notre temps. Pas un chat en vue! La Croix est pour nous tout seuls! Autour d'autres formations rocheuses tout à fait exceptionnelles palissent à l'ombre de la Malteese Cross. Dans quelques milliers d'années quand celle-ci sera tombée, ce sera peut-être leur tour.









Nous prenons une collation sur place puis redescendons lentement en découvrant le paysage d'un autre point de vue. Nous rencontrons un couple de marcheurs à mi-pente ainsi qu'un autre couple à la barrière. Je crois que cela tout le tourisme pour ce sentier aujourd'hui. On a pris notre temps pour descendre et ne pas se blesser. Nous sommes aussi arrêtés quelques minutes pour prendre une collation.

Il est midi lorsque nous sortons de la petite route menant au sentier. Nous nous rendons alors à notre nouveau site de camping pour ce soir situé à cinq kilomètres de là. Nous serions bien restés au même camping que la nuit dernière mais un groupe religieux de 40 personnes avait réservé l'ensemble du camping pour ce soir.



Mais le nouveau site est très bien aussi. Plus petit, seulement dix sites qui sont tous situés sous d'immenses chênes et avec vue sur les montagnes du Cederberg. Nous nous installons puis commençons par prendre une bonne douche. Après 4 heures d'exercice, c'est une récompense!

Nous faisons ensuite un feu et y ajoutons quelques briquettes de charbon de bois en vue de notre repas d'après-midi. On fait une grosse lessive car le temps se dégage et le linge devrait pouvoir sécher en quelques heures. Puis nous ouvrons une bouteille de Cederberg Cabernet-Sauvignon acheté hier et la dégutons en prenant notre repas typiquement Sud-Africain : de la saucisse qu'on achète en long rouleau. Le vin était bien meilleur que la saucisse mais enfin...

Ensuite une petite sieste s'impose. Pour se reposer de la randonnée et peut-être aussi pour cuver notre petite bouteille de vin.

Vers 17h, c'est le temps du blogue, de la guitare et pour Hélène, du dessin. Nous préparons ensuite notre collation pour la randonnée de demain et montons nous coucher avec la venue de la noirceur.

Samedi le premier mars

Cederberg

Il a fait frais cette nuit. Peut-être quinze degrés avec du vent. Nous avons très bien dormi mais on a eu besoin du sac de couchage aussitôt au lit. Ce matin il fait encore frais et tous les nuages sont disparus. Ce sera une très belle journée pour la randonnée en montagne.

Nous déjeunons, préparons les sacs à dos et quittons le camping vers 7h. Nous sommes rendus au début du sentier The Wolfberg Cracks quelques minutes plus tard et commençons notre ascension à 7h20. Nous nous trouvons à grimper sur le flanc opposé (Est) à celui d'hier (Ouest) où nous avons vu la Croix de Malte. Le sentier est beacoup plus à pic. On grimpera de 500 m dans moins de 2 km. La vue sur la vallée est saisissante et le soleil levant éclaire justement bien le versant Ouest des Cederberg. Lorsqu'on regarde tout en haut, on devine les immenses failles verticales, les Cracks, qui partent du sommet et descendent d'environ 75-100m. Nous arrivons au pied de ces failles après 75 minutes en montant d'un bon pas. Le cœur pompe et les poumons ne sont pas en reste. Rendus au pied des failles, nous avons deux choix, la Narrow Crack et la Wide Crack. Nous choisissons de monter par la plus étroite et de redescendre par l'autre, plus facile.





Au tout début de la Narrow Crack, il faut passer par un petit tunnel sous de grosses roches, puis longer la falaise sur une étroite corniche qui donne sur le vide. Pas de chaines pour se tenir. C'est entièrement naturel et aux risques et périls des randonneurs. Nous n'avons pas le vertige heureusement et il y a beaucoup de prises sur la muraille pour toujours s'agripper. Une fois ces 200 premiers mètres parcourus nous arrivons vraiment à la faille étroite. Elle est magnifique! Cela nous rappelle le Maze dans le parc National de Canyonlands aux USA mais le contexte de montagne rend ce passage unique. Après quelques petites acrobaties, nous arrivons à un élargissement qui nous éblouit. Au centre de la faille trônent deux immenses arches dans le sens de la faille. Ils se partagent le pillier du centre. Dur à expliquer et impossible à photographier entièrement avec notre caméra. On a jamais vu cela des arches dans une faille et on se demande si cela existe ailleurs. Les arches sont éclairés par la bande étroite de ciel qu'on voit tout en haut de la faille. Wow!












Nous prenons ensuite l'une des deux failles jumelles qui montent tout en haut de la montagne. Celle de gauche. Mais on arrive à une immense roche qui bloque le passage. Je monte dessus péniblement et voit que de l'autre côté, plus loin dans la faille c'est pire. On rebrousse donc chemin et on va prendre l'autre faille jumelle. Mais celle-là est encore plus bloquée par des centaines de blocs tombés des parois. Alors là, on s'assoie et on lit attentivement la description des lieux au verso de la petite carte qu'on nous a donné et sur celle, plus complète qu'on a achetée. C'est ce qu'on aurait dû faire au départ car il nous faut retourner dans la faille jumelle de gauche. C'est là que ça passe avec de «l'huile de coude» indiquent-ils dans le texte.

Et nous voilà en train de monter sur le gros bloc. Il faut mettre les pieds sur un côté de la paroi et le dos sur l'autre, monter 3 m puis s'agripper à la paroi de droite et de là monter comme on peut sur le gros bloc. Je le fais pour la seconde fois et Hélène bénéficie d'un peu d'aide de ma part pour la tirer vers le haut. Et rendu là, cela semble bloqué encore mais il faut alors se coucher sur le dos et ramper sous la prochaine grosse roche pour remonter dans le fond de la faille qui alors devient plus praticable.



C'est à cet endroit qu'on rencontre un groupe de 40 personnes, ceux qui campent au site de notre premier soir. Des adultes et des enfants. Ils sont montés par la faille large et redescendent par la faille étroite. Nous leur cédons le passage car ce n'est pas possible de croiser tous ces gens dans la faille qui est trop étroite. Nous finissons ensuite notre ascension en une quinzaine de minutes. Au total cela nous a pris environ deux heures incluant pause, erreur de faille et attente pour le groupe. Nous prenons une petite collation tout en haut de la montagne avant de redescendre par la faille large. La vue est aussi très belle en descendant. Et lorsque qu'on débouche de la faille large, nous revoyons le groupe au sortir de la faille étroite. Ils passent justement sur la corniche étroite. Certains parents doivent s'inquiéter pour les jeunes enfants. Nous redescendons ensuite le sentier sinueux pour se rendre au stationnement tout en bas de la montagne.








Il est 11h30 et nous décidons d'aller prendre notre goûter au site de Stadsaal où on peut voir des peintures rupestres d'éléphants et des grottes qui sortent de l'ordinaire. Cela nous prend environ 20 minutes de voiture pour s'y rendre. On visite d'abord le site des peintures rupestres faites par les SAN il y a quelques siècles ou quelques millénaires. Nul ne sait au juste. Ils sont très jolis ces dessins d'éléphants et d'hommes en ochre. Puis on s'assoie en admirant le paysage et en dégustant notre lunch.




Après s'être rassasiés nous faisons deux petits kilomètres en camion et arrivons au site des grottes. Ce n'est pas cela qu'on imaginait du tout. Et on en a vu des grottes de toutes sortes dans bien des pays. C'est qu'on adore cela les grottes!

Celles-ci sont hors-terre. En fait, elles sont creusées dans d'immenses rochers disposés sur une petite colline. Plusieurs sentiers font le tour des rochers et à chaque détour, de part et d'autres, on voit des grottes encadrées ou soutenus par des pilliers sous les rochers ou plutôt au beau milieu de ceux-ci. Quel beau décor pour le cinéma! Dans l'une des grottes, des signatures datant de la fin du dix-neuvième siècle. La première génération de colons blancs à s'installer dans ces contrées.







Et tout autour de la colline, le paysage ne peut laisser personne indifférent. À un endroit, on a l'impression d'avoir perdu l'équilibre. Tout est penché et notre corps se demande s'il est à la verticale. Résultat d'un affaissement de la vallée un peu plus loin. Les states sont inclinés vers le bas de la vallée et les pitons qui furent sculptés au fil des millénaires suivent la même pente. Déconcertant et dépaysant!







Après ce superbe voyage au pays magique de Stadsaal, nous allons réserver notre site de camping pour ce soir, le même qu'hier et on se rachète un petit Cabernet-Sauvignon Cederberg qu'on a trouvé très bon hier soir. Puis on va au camping de Sandriff où nous avions passé la première nuit pour y rencontrer nos ex-voisins de sites, des Sud-Africains qui vivent à Ceres à environ 150 km au Sud. Nous avions jasés avec eux, puis on les a rencontrés à nouveau aujourd'hui dans la montagne. Ils étaient avec le groupe de 40 personnes. Des gens bien sympathiques qui nous ont offert de nous indiquer différents endroits à visiter durant le reste de nos séjours en Afrique du Sud. Cinq ou six autres personnes se joignent à nous autour des cartes et chacun y va de ses suggestions. Les échanges sur le Canada, ce qu'on fait, ce qu'on aime de l'Afrique du Sud, etc. se poursuivent en parallèle. Des gens charmants, intéressants et intéressés. Nous discutons aussi un peu de politique et d'économie, des sujets délicats qu'ils abordent sans détour. Nous les quittons vers 15h30, enchantés de cette rencontre, pour nous rendre à notre site situé à cinq kilomètres de là.

Après une bonne douche et un peu de lessive, nous prenons une bonne bière en se remémorant la journée. Un peu plus tard, on se fait un bon souper accompagné d'un très bon Merlot-Shiraz Cedarberg mais qui ne peut détrôner son confrère Cabernet-Sauvignon selon notre goût.

On installe la tente vers 19h puis après un peu de guitare, c'est l'heure de monter se coucher. Un peu de lecture et le sommeil viendra certainement facilement après cette belle journée bien remplie.

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